Le Théâtre de l’Esplanade accueille l’exposition « Les Hameaux de Forestage de Harkis en Provence-Alpes-Côte d’Azur », prêtée par la Région Sud et conçue avec l’aide d’Arsud, jusqu’au 16 septembre.
La Région Sud et d’Arsud
La Région Sud, à travers le service de l’Inventaire général du Patrimoine culturel, a réalisé un inventaire unique en France, sur l’histoire de l’arrivée des familles Harkis sur le territoire, leur installation et la vie quotidienne dans les hameaux de forestage en Provence-Alpes-Côte d’Azur. S’appuyant sur une enquête de terrain, des recherches aux archives publiques et privées, des recueils de témoignages, il a permis de documenter les 32 hameaux implantés dès 1963 sur le territoire régional.
Dans le cadre du devoir de mémoire en faveur des Harkis, ce travail de recherche sur les mémoires matérielles et immatérielles de cette communauté se matérialise aujourd’hui par une exposition. Conçue itinérante, elle est destinée à être présentée prioritairement dans les communes où ont été implantés les hameaux de forestage. Afin de faire (re)connaître et valoriser l’histoire de cette communauté Harkis, l’exposition est amenée à être visitée par un large public, de médiathèques ou de lycées notamment.
La scénographie
Le choix scénographique s’inspire de la construction en modules préfabriqués des hameaux. L’exposition est principalement constituée de 20 panneaux imprimés mêlant textes et images d’archives ou photographies prises lors de l’enquête.
Elle comprend également un dispositif complémentaire sous forme d’écrans pour visionner des films d’archives et un diaporama de photographies montrant les sites qui ne figurent pas sur les panneaux.
Certains panneaux sont équipés de QR code pour connexion à des sites Internet permettant l’écoute de témoignages et le visionnage du documentaire « Filles de Harkis ».
Le périple des Harkis
Leur arrivée en France et leur installation
Le propos de l’exposition est didactique, avec une première partie permettant aux visiteurs de suivre le périple des familles de Harkis de leur arrivée en France jusqu’à l’installation dans les hameaux et l’organisation de leur vie quotidienne sur place. Cette première partie met en évidence les conditions effroyables du rapatriement et de l’arrivée en France, avec des témoignages soulignant la précarité extrême de l’accueil et de l’hébergement.
Une section est consacrée aux chantiers de construction des hameaux, un panneau aux travaux de forestage effectués par les Harkis, un autre à la patrimonialisation des sites qui deviennent peu à peu des lieux de mémoire.
La section consacrée à la construction des hameaux permet de découvrir le processus mis en place par le Ministère des Rapatriés qui a lancé des appels d’offre à destination d’entreprises de constructions spécialisées dans le bâtiment préfabriqué. Dans notre région, 4 entreprises se sont partagé le marché et ont fourni les bâtiments de la quasi-totalité des hameaux. Elles devaient respecter un cahier des charges très précis fournissant des plans-types et prescrivant des matériaux légers et économiques.
La création des hameaux de forestage trouve son origine dans les incendies exceptionnels qui ont dévasté la forêt provençale au tout début des années 1960 et qui ont donné l’idée aux ministères de l’Agriculture et des Rapatriés d’affecter les Harkis aux travaux forestiers afin de lutter contre ce phénomène. La section consacrée aux chantiers de forestage rend hommage au travail accompli par les groupes de Harkis dans nos forêts, en montrant (avec notamment un extrait de film d’actualité sur le reboisement dans le Vaucluse), les travaux qu’ils ont réalisés.
Des hameaux emblématiques
Dans la seconde partie, treize panneaux sont consacrés à des monographies des sites les plus significatifs ou les mieux conservés :
· Bormes-les-Mimosas,
· Collobrières-Capelude et Collobrières-Chapelle,
· L’Escarène,
· Jausiers,
· Jouques,
· Montmeyan,
· Mouans-Sartoux,
· Ongles,
· La Roque d’Anthéron,
· Roquestéron,
· Rosans,
· Saint-Raphaël.
Certains de ses sites ont été rasés mais ont une forte dimension mémorielle, comme Ongles ou le Camp du Logis d’Anne à Jouques. D’autres hameaux comme Bormes-les-Mimosas, Collobrières-Chapelle, Montmeyan, Saint-Raphaël conservent encore deux ou trois baraquements en l’état, parfois encore habités.
Le site le mieux préservé, resté « dans son jus » après le départ des derniers habitants est celui de l’Escarène, seul hameau ayant intégralement conservé ses baraquements non modifiés.
Quant aux hameaux de Rosans et La Roque d’Anthéron, ils ont été reconvertis en villages de vacances et ont, de ce fait, perdu une part d’authenticité mais permettent mieux d’appréhender le plan et l’organisation générale de l’espace qui prévalaient dans tous les hameaux.